octobre 20

LAETITIA NGOTO : AMBASSADRICE DE L’ART AFRO URBAIN

Entrepreneure française d’origine centrafricaine, Laetitia Ngoto est l’initiatrice du festival afro urbain Art’Press Yourself. La 3e édition se tiendra les 3 et 4 novembre au Pan Piper, à Paris, et sera placée sous le signe de l’afrofuturisme.

A l’heure où les festivals dédiés à la culture afro fleurissent dans la capitale, Laetitia Ngoto, 30 ans, a tenté le pari d’investir un marché qu’on pouvait penser saturé. Si le printemps dernier s’est vu placer sous le signe de la création artistique contemporaine africaine via pléthore d’expositions dédiées au genre, et que le bal de la rentrée s’est ouvert avec le festival Afropunk, l’entrepreneure a décidé de prolonger les festivités en novembre. Et de positionner son événement sur la culture afro-urbaine.

Aujourd’hui inclus dans une vraie structure (l’association APY organise des événements, conférences et consorts toute l’année), cette manifestation autofinancée promeut pendant deux jours la scène mode et artistique contemporaine inspirée d’Afrique. Au programme également, ateliers de body painting, de tatouage ou encore de dread locks…

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Démocratiser la scène artistique afro

Afro-urbain. Un mot valise qui, de prime abord, ne nous évoque pas grand-chose. Pour autant, cette passionnée de street culture a toutes les raisons de vouloir explorer le terrain. Celle qui a commencé il y a deux ans avec une collaboratrice fana de culture urbaine officie aujourd’hui avec une nouvelle équipe. Aussi a-t-elle dû effectuer un travail de fond pour coller à l’ADN originel du festival.

S’il est facile d’identifier le pendant afro, le socle urbain, Laetitia le justifie par sa volonté de valoriser la scène pop en s’affranchissant des paillettes. « Nos événements ne sont ni élitistes ni glamour, nous mettons en valeur des prestations que l’on pourrait voir dans la rue ou des artistes qui viennent de la street culture, comme cette année où des artistes issus de la scène hip hop ou du voguing seront présents », éclaire-t-elle. Tandis que l’année dernière, lors de l’édition consacrée à la cité utopique Johri – contraction de Johburg et Paris – un artiste sud-africain avait livré une prestation de gumboot, une danse traditionnelle née dans la rue ».

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Diplômée en management de la mode, la jeune trentenaire est passée par Isabel Marrant en tant qu’assistante de production, puis par le groupe Lafuma en qualité de chef de produit, ou encore par le labo Ethnique. Autant d’expériences dans le secteur de la mode et de l’image qui lui ont permis de se constituer un carnet d’adresses béton. Et raison pour laquelle elle met essentiellement l’accent, à travers ce festival pluridisciplinaire, sur la mode et les arts visuels. « J’ai connu beaucoup d’artistes illustrateurs, peintres, photographes qui n’avaient aucune plateforme pour exposer leurs œuvres, mis à part Instagram ou Facebook, ou qui n’avaient pas la chance d’être dans une galerie ». Les artistes issus de la diaspora africaine de Paris comme les artistes européens bénéficient donc d’un espace expos-vente.

Des artistes internationaux

Avec des exposants internationaux venus du Danemark, de Bruxelles, d’Angleterre etc., l’esthète entend promouvoir la création inspirée d’Afrique. Quand on lui demande si elle ne craint pas qu’on lui reproche de flirter avec l’appropriation culturelle, celle qui estime être légitime de défendre la culture africaine parce qu’elle est noire et d’ascendance africaine reste vigilante en tentant d’établir une programmation cohérente et équilibrée, mais s’autorise une marge de manœuvre.

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L’année dernière, le thème du festival était consacré à Johannesburg, ce qui justifiait que l’ensemble des artistes programmés venaient d’Afrique du Sud. Pour autant, cette année, si la programmation est tournée vers les artistes internationaux, ils ne représentent qu’un tiers des créateurs programmés. « Il faut savoir que je vais autant présenter un créateur issu de la diaspora africaine dont les créations sont confectionnées à Château Rouge, qu’un créateur européen qui travaille avec des ateliers basés en Afrique et qui utilise du tissu africain. Je ne donne pas plus de crédit ni à l’un ni à l’autre, c’est la démarche qui m’importe », soutient-elle.

Un festival conceptuel

Un festival conceptuel, l’un des rares à proposer un fil rouge thématique. Après Old School Vibe en 2015 qui avait fédéré 400 visiteurs et la cuvée 2015 (600 visiteurs), cette troisième édition – qui espère réunir 800 à 1000 festivaliers – fera la part belle à l’afrofuturisme à travers le thème « Back to the afrofuture ». « L’idée c’est de créer, comme depuis le début de l’aventure, un lien entre le passé et le présent, le passé et le futur », explique-t-elle.

Aussi, la coordinatrice de l’événement a-t-elle repensé les formules traditionnelles pour s’aligner sur les nouvelles tendances, voire les anticiper. Exit le défilé de mode classique un peu ennuyeux « avec des mannequins qui boudent et se contentent de marcher ». Laetitia préfèrera présenter un « spectacle de danse, un défilé dynamique à travers un travail de fond et de forme » mis en scène par la chorégraphe d’origine gabonaise, Carmel Loanga, qui est à l’origine de la création dansée dans le clip « Kamelemba » de la reine malienne, Oumou Sangaré. Pour Lætitia Ngoto, l’idée étant, avec Art’Press Yourself, un nom de baptême qui n’est évidemment pas sans rappeler le mantra « express yourself » (exprime-toi), de s’approprier et de redéfinir les contours de l’expressivité artistique afro.

 

Festival Art’Press Yourself

Les 3 et 4 novembre au Pan Piper

2-4 Impasse Lamier, 75011 Paris

Compter 8 euros la journée et 12 euros les deux jours

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