mai 16

L’Afrique face à la révolution technologique : un potentiel de développement formidable !

La dynamique économique et sociétale à l’œuvre aujourd’hui sur le continent africain représente une formidable opportunité pour l’Afrique elle-même mais aussi pour le monde. Constituée de 54 pays, l’Afrique devrait compter 12 mégalopoles africaines en 2025 et porter 50% de la croissance de la population mondiale d’ici 2050. La population africaine est en effet celle qui se développe le plus rapidement dans le monde. Par ailleurs, un fait nouveau et particulièrement important pour la croissance apparaît avec l’émergence d’une classe moyenne.

Ainsi l’Afrique révèle un formidable potentiel économique et humain, elle devrait représenter un marché de 6 000 milliards de dollars en 2021 (soit davantage que le PIB cumulé de la France et de l’Allemagne en 2016). Riche de ses contrastes, le continent africain possède aujourd’hui d’immenses  forces vives de créativité nourries notamment par le développement des nouvelles technologies.

Mais, l’Afrique doit avant tout relever le défi de la gouvernance pour libérer toutes ses énergies et en faire profiter le plus grand nombre. En effet aux facteurs de dynamisme social et économique très encourageants s’oppose un contexte géopolitique contrasté : le changement climatique et la raréfaction des ressources ajoutent de la complexité à la croissance économique, tandis que l’instabilité politique de certaines régions entrave le développement et crée de fortes disparités.

L’un des leviers de la transformation du continent africain est la technologie, qui permet de créer de nouveaux marchés et de développer des synergies entre différents secteurs, par exemple entre le mobile, l’énergie et les services financiers. Elle facilite aussi l’explosion de l’économie du partage, un modèle très présent en Afrique – on le voit avec les nombreux concurrents locaux d’Uber. Autre bénéfice substantiel, elle contribue à réintégrer l’économie informelle dans les circuits économiques traditionnels, notamment via des plateformes de paiement sur mobile telles que par exemple : M-Pesa et Orange money.

Là où le continent africain se distingue, c’est dans sa capacité à s’approprier les nouvelles technologies d’une manière qui lui est propre, en contournant les problèmes d’infrastructures entre autre, pour renforcer son potentiel de créativité et d’agilité. Le e portable est l’outil de connexion par excellence et son utilisation a augmenté de 344% entre 2007 et 2016, ce qui implique un développement de solutions différentes et innovantes pensées d’abord à travers et pour le mobile.

La puissance des outils technologiques réside dans leur capacité à générer du lien social : il s’agit d’inclusion financière, permise par le développement de la connectivité, le paiement sur mobile et, mais aussi d’inclusion économique et sociale (déblocage de nouvelles possibilités d’accès aux prêts, lutte contre la corruption, accès à l’éducation etc.), et enfin d’inclusion sanitaire, à travers la livraison de médicaments par drones, la prévention ou encore l’e-diagnostic. Cependant, comme pour tous les autres pays, cette capacité à rapprocher les individus peut contenir un risque inhérent de déstructuration des équilibres économiques et de l’écosystème en place. On le voit notamment dans les phénomènes de désintermédiation (ex : Blockchain, paiement mobile, systèmes énergétiques off-grids), qui peuvent provoquer l’arrivée de nouveaux concurrents sur un marché établi ou développer des activités peu réglementées. Or en Afrique, ces équilibres actuels restent fragiles, d’où la nécessité encore plus forte d’adaptation des structures économiques réglementaires et politiques, ce qui nous ramène à la question clé de la gouvernance … Question qui renvoie à celles liées à la transparence des institutions publiques, à la mise en place de politiques fiscales plus redistributives, à la sécurisation des investissements privés, etc. L’enjeu de la transparence est essentiel, et dans cette optique il est indispensable que l’Afrique se dote de véritables régulateurs, dans les télécom ou le marché de l’électricité notamment, ainsi que d’instances supranationales qui permettront un meilleur fonctionnement des marchés.

A l’ère du « tout digital », la technologie représente aujourd’hui un tremplin remarquable pour permettre à l’Afrique de révéler son plein potentiel. Pour encadrer et s’approprier les outils digitaux de manière vertueuse, le modèle économique africain doit se transformer en profondeur. Autour des questions de gouvernance, différentes dimensions doivent s’articuler pour porter ce développement : la diversification de l’industrie, l’orientation des investissements vers les infrastructures et l’accélération des échanges intra-africains.

Mais tout cela doit passer préalablement par l’enjeu fondamental qu’est la transition énergétique. Le taux d’accès à l’électricité en Afrique est bas, mais elle a la révolution énergétique la plus verte au monde, sachant en particulier produire du solaire à très bas coût (la Zambie est particulièrement performante dans ce domaine).

Aussi il est de notre responsabilité d’accompagner les acteurs africains, privés et institutionnels à travers ces différentes transitions. Pour ce faire nous devons les aider à créer les écosystèmes qui leur permettront de s’adapter agilement à cette révolution technologique.

En conclusion, un esprit start-up souffle aujourd’hui sur le continent africain, d’Abidjan à Dakar, du Cap à Nairobi, en passant par Lagos ou Kigali. Les start-up font naître de grandes espérances, car ces structures légères et mobiles développent des business hors des connexions politiques et circuits de pouvoir traditionnels. L’entrepreneuriat, agile et pragmatique, a de beaux jours devant lui en Afrique.

Et la France a une carte à jouer pour aider l’Afrique, notamment l’Afrique francophone, à faire sa révolution et sa transition. Donner envie aux entrepreneurs français de faire du business en Afrique, réinventer la francophonie économique : un enjeu important pour notre pays comme pour l’Afrique !

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