mars 09

Les start-up africaines battent des records de levées de fonds

En 2016, les jeunes pousses du continent ont attiré 367 millions de dollars, soit une hausse de 33 % par rapport à 2015, selon le fonds d’investissement Partech Ventures.

De plus en plus courtisées par les fonds d’investissements, les pépites africaines du numérique sont en train de franchir une nouvelle étape. Attirés par la « hype » médiatique autour de la « tech africaine », les investisseurs internationaux s’engagent désormais activement dans le financement des start-up du continent, selon les données rendues publiques par le fonds de capital-risque Partech Ventures, basé en France, aux Etats-Unis et en Allemagne.

D’après Partech, 77 start-up africaines ont levé 366,8 millions de dollars auprès d’investisseurs en 2016, soit une progression nette de 33 % par rapport à 2015 (276 millions de dollars). Pour établir ces chiffres, Partech Ventures n’a retenu que les levées de fonds supérieures à 200 000 dollars, les investissements en deçà de ce plancher étant difficiles à suivre. Partech Ventures estime par ailleurs que dès qu’une start-up innove et crée de la valeur sur le marché africain, elle doit être considéré comme africaine quand bien même son siège social se situerait hors du continent. Le fonds d’investissement cite l’exemple de Flutterwave, une solution de paiement panafricaine fondée par un entrepreneur nigérian, Iyinoluwa Aboyeji, mais dont le siège social est aux Etats-Unis.

Lagos, Cape Town et Nairobi en locomotives

Un grand bond en avant tiré d’abord par le Nigeria, dont les entreprises de technologie ont attiré 109 millions de dollars en 2016. On parle désormais d’une « Yabacon Valley », autour du quartier de Yaba, dans la banlieue de Lagos, où se concentrent les incubateurs de start-up. Après le Nigeria vient l’Afrique du Sud, qui a reçu 96,7 millions de dollars en 28 levées de fonds. Le Kenya, lui, se hisse à la troisième place du podium africain, avec 92,7 millions de dollars levés par 21 start-up de la « Silicon Savannah ».

Start-up..

« Ces trois pays leaders attirent encore la grande majorité de l’investissement tech sur le continent. Les autres pays, qui sont engagés dans une innovation digitale toute aussi structurante, restent sous-représentés et constituent donc une opportunité encore inexploitée pour les investisseurs », explique Cyril Collon, general partner chez Partech Ventures et co-auteur de l’étude aux côtés de Tidjane Deme, ancien directeur de Google en Afrique Francophone et également general partner au sein du même fonds depuis 2016.

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En retrait par rapport aux trois grands frères anglophones, l’Afrique francophone commence néanmoins à apparaître sur le radar des investisseurs. Cyril Collon : « cinq pays francophones (Sénégal, Côte d’Ivoire, Rwanda, Tunisie, Maroc) ont attiré en 2016 plus de 10 % de l’investissement total, soit 37 millions de dollars contre seulement 2 % en 2015 (6 millions de dollars). Cela renforce notre conviction que cette partie de l’écosystème africain est appelée à produire elle aussi ses champions dans les années à venir ».

Secteurs phare : la finance et l’énergie

Du côté des tendances sectorielles, les « Fintech » (contraction de financial technology) africaines semblent en train de connaître leur heure de gloire, avec 19 % des flux d’investissements enregistrés en 2016. Loin, très loin devant le secteur des « Edtech » (le numérique au service de l’éducation), avec 8 % des flux enregistrés, et plus loin encore devant le secteur des « HealthTech » (seulement 2,5 %).

Mais la vraie surprise vient du secteur dit du « off-grid » (hors réseau électrique), où les innovations combinant énergie solaire et numérique se multiplient, avec un volume d’investissement représentant 36,6 % du total des levées de fonds du continent. Un boom qui s’explique par la montée en puissance d’applications qui démocratisent l’accès à l’énergie. C’est le triomphe des solutions agiles dites « pay as-you-go » (l’usager ne paie que la quantité d’énergie qu’il consomme au jour le jour), proposées à leurs clients par M-Kopa au Kenya, MobiSol au Rwanda ou Arnergy au Nigeria. Leur succès grandissant emballe les investisseurs en quête de nouveaux modèles disruptifs et transposables à d’autres régions émergentes rencontrant les mêmes problématiques d’accès à l’énergie, comme l’Asie.

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