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Tunisie : le plan du gouvernement pour en finir avec la prolifération des déchets

Un programme plus précis pour mettre fin à la « détérioration de la situation environnementale » se met en place en Tunisie, en butte à une prolifération des déchets, a annoncé mercredi le ministre de l’Environnement.

Depuis la révolution de 2011, « les déchets sont partout », a reconnu le 23 novembre lors d’une conférence de presse le ministre des Affaires locales et de l’environnement, Riadh Mouakher. Le ramassage des ordures en Tunisie est en effet devenu aléatoire et les déchets ménagers, mais aussi de construction, jonchent de nombreuses rues, dans les villes comme dans les campagnes.

À la suite du conseil ministériel restreint qui s’est tenu deux jours plus tôt, le 21 novembre, le ministre a donc présenté les grandes ligne de la nouvelle politique gouvernementale de collecte des déchets.

Pourquoi ?

À l’origine de ce fléau selon les autorités, l’affaiblissement des municipalités, dissoutes après la révolution et remplacées par de simples « délégations spéciales » en attendant des élections municipales sans cesse repoussées, ainsi qu’un manque d’équipements, de centres de traitement et de décharges.

Si l’incivisme et les services publics défaillants existaient déjà avant le soulèvement, le phénomène a depuis explosé et il est courant de voir mouchoirs, bouteilles en plastique et paquets de cigarette joncher le sol. « En dix jours, 16 000 tonnes de déchets s’accumulent sur la voie publique », a déploré Riadh Mouakher.

Quelles solutions ?

Depuis octobre, le gouvernement d’union, entré en fonction fin août, a pris des mesures pour « aider les municipalités dans le ramassage des ordures », notamment en allouant un budget à l’achat d’équipements, selon Riadh Mouakher. Mais face à ce problème complexe, les autorités vont aussi « accélérer la construction de centres de transfert (de déchets), qui sont très importants dans le système de collecte des ordures », a-t-il ajouté.

Une dizaine de centres de transfert – l’étape entre le ramassage et la décharge -, en majorité dans le Grand Tunis, devrait voir le jour d’ici fin 2017-début 2018, et des appels d’offres seront lancés pour la réouverture de neuf centres de transfert actuellement fermés. Le gouvernement veut globalement se diriger « de façon irréversible vers la valorisation des déchets dans des écopôles », a expliqué Riadh Mouakher. Deux grandes décharges contrôlées devraient aussi être créées dans la capitale.

La nouvelle politique repose également sur le recyclage des déchets du bâtiment, en accord avec le  ministère de l’Équipement ainsi que la direction des ponts et chaussées. Pour éviter que les gravats ne soient déversés au mauvais endroit, l’État est en effet prêt à payer pour les récupérer afin qu’ils soient concassés pour produire du sable ou du gravier pouvant servir à la construction de routes ou à enfouir les déchets, selon Riadh Mouakher.

Les nouvelles mesures consistent également à inciter les ministères et entreprises publiques à se faire aider par les petites et moyennes entreprises (PME) pour le ramassage des ordures et leur tri ainsi que l’entretien des espaces verts, a-t-il ajouté, et ce dans le cadre du programme national d’intégration des diplômés du supérieur au chômage.

Au premier trimestre 2017, les autorités comptent en outre lancer une grande campagne pour « réveiller les consciences », et instaurer une police environnementale qui dépendra des municipalités.

La police environnementale annoncée par Youssef Chahed devrait entrer en fonction le 2 janvier 2017 dans 74 municipalités prioritaires, avait indiqué le 18 octobre Mokhtar Hammami, directeur général des collectivités locales au ministère de l’Intérieur. Cette opération, qui s’étendra à tout le territoire d’ici 2018, mobilisera des centaines d’agents (entre 294 et 578 dans un premier temps) munis d’uniformes officiels, de cartes professionnelles et de véhicules équipés.

Toute infraction et tout délit environnemental sera passible d’une amende (entre 30 et 60 dinars), a rappelé Mokhtar Hammami, qui précise néanmoins que « la loi et la police seules ne suffisent pas pour changer la donne environnementale. Un changement des comportements et des mentalités est aussi nécessaire pour y parvenir ».

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