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Start-up africaine de la semaine : Darna, l’application mobile qui dégote les bons plans à N’Djamena

Naïr Abakar, 23 ans, un entrepreneur et développeur informatique met sur pied Darna, « Mon Pays » en arabe, une application mobile qui veut recenser tous les bons plans de la capitale tchadienne.

Lorsqu’il commence à développer son application mobile, Naïr Abakar, 23 ans, compte d’abord développer un répertoire mobile des bons plans de N’Djamena.On est alors en 2014.

Une chambre au Novotel du quartier Farcha non loin de l’aéroport ? Les coordonnées de Louanicom, une agence spécialisée en communication institutionnelle ? Le téléphone du Lycée français Montaigne ou de l’école supérieur commerciale HEC Tchad ? L’adresse de Pâtisserie Amandine,  le rendez-vous huppé de la capitale tchadienne pour les gâteaux et les glaces  ?

Deux ans plus tard, quelques 300 bons plans sont recensés, encore très artisanalement, sur Darna, l’application de Naïr Abakar. « Rien de similaire n’existe au Tchad, surtout qu’on peut téléphoner directement au bon plan directement dans l’application », défend ce jeune homme élancé, qui raconte tous les coups qu’il a tenté pour développer cette affaire et d’autres.

Culture de la pub et de la com’

« Personne n’a la culture de la pub au Tchad », dit celui qui est passé par l’École internationale des sciences du traitement de l’information (Eisti) de Cergy, en banlieue de Paris où il a été formé à la programmation et aux métiers de l’informatique, après un bac à l’école française de N’Djamena.

C’est en parallèle d’un premier job de consultant informatique qu’il a commencé à développer l’application en 2014. L’objectif était alors de cibler la diaspora. Ce à quoi il arrive bon an mal an, au bout de quelques mois avec 6 000 téléchargements sur les magasins d’applications, principalement hors du Tchad.

Puis il se pique de com’, dont il est aujourd’hui friand. En 2015, de son propre chef, il convoque les médias à N’Djamena, des invitations habituellement plutôt institutionnelles. « Mes amis ont ri et m’ont dit que je n’étais pas un ministère ou une banque », rigole-t-il. Mais les relais médiatiques font leur effet et les téléchargements passent la barre des 15 000 sur les magasins d’applications Android et Apple.

Encore récemment a-t-il fait appel aux bons soins du Youtubeur ivoirien Observateur dans une petite vidéo promotionnelle avec l’objectif de booster sa page Facebook. Celle-ci a récolté 25 000 « like ».

Les serveurs logés à son domicile

Encore seul à bord, le jeune entrepreneur – développeur informatique – a sorti une V2 téléchargeable depuis mai 2016, pour laquelle il a fait appel à ses anciens camarades de promo de l’Eisti, « des plus balèzes que moi avec le code ». Cette nouvelle version se veut panafricaine, quand la précédente était cantonné au Tchad. Elle compte de plus un fil d’information, dont France 24 lui a concédé l’utilisation. Une belle ambition panafricaine quoique la vingtaine de pays également référencés sur l’application ne comptent à ce jour aucun bon plan.

Il paie de sa poche l’investissement total de développement.

Et pour cause, puisque Naïr Abakar fait encore tout en solo, avec une bagout assumé : les serveurs sont logés chez lui, les designers sollicités de temps en temps sont payés de sa poche, et l’investissement total de développement — qui atteint les 20 000 euros hors aller-retour N’Djamena-Paris qu’il fait tous les deux mois — avancé par ses soins.

Une bonne manière de se développer consiste à passer par les opérateurs de téléphonie mobile. Ce qu’il a fait au Tchad pourrait être reproduit ailleurs. Ainsi, a-t-il signé à N’Djamena, au terme de longues négociations, un partenariat avec Airtel, le groupe indien de télécommunications. Ce dernier alerte désormais sa base de plusieurs millions d’abonnés tchadiens sur les bons plans dénichés par Darna.

Une opération similaire était en discussion avec le luxembourgeois Millicom pour la RDC où il exploite la marque Tigo, mais cette filiale lui a été rachetée par Orange en début d’année. Elle pourrait également être reproduite en Égypte.

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À l’avenir, Naïr Abakar veut que Darna puisse permettre l’obtention de soldes ou de prix cassés, sur lequel lui-même pourrait percevoir une commission. Ou encore développer des droits d’inscription pour les organisations auxquelles il ramènerait de la clientèle. Avant d’en arriver là, l’énorme frein reste « le coût de l’Internet mobile qui est encore exorbitant, à 20 euros environ le gigaoctet », clame-t-il.

 

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