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L’afrofuturisme, une utopie ?

Conceptualisé dans les années 1990 aux États-Unis, l’afrofuturisme est résolument tendance. Mais que signifie ce terme complexe ? Le continent est-il devenu une terre féconde pour la science-fiction ? L’utopie a-t‑elle de beaux jours devant elle ? Jetons un coup d’œil vers le futur.

Reprendre son passé en main, estimer que le présent est une trousse à outils pour fabriquer demain, dessiner soi-même son avenir : tous les secteurs de la création africaine sont aujourd’hui enclins à proposer des récits spéculatifs sur le devenir du continent, de la planète.

Forgé aux États-Unis dans les années 1990, sublimé par le musicien Sun Ra, qui se disait originaire de Saturne et se produisait en pharaon de l’espace, le concept d’afrofuturisme est donc repris à l’envi dans les magazines et disséqué dans des essais critiques, comme ceux de l’Anglo-Ghanéen Kodwo Eshun. Parfois fourre-tout, il sert à qualifier des artistes aux pratiques très différentes.

Place à la science fiction

Quels points communs entre la romancière sud-africaine Lauren Beukes (Les Lumineuses, Zoo City, Moxyland…) et la plasticienne kényane Wangechi Mutu ? Quelles similarités entre les sculptures habillées de wax de Yinka Shonibare et les extraterrestres du film District 9 ?

Timidement, la science-fiction s’invite dans le présent de l’Afrique par le biais du cinéma, de la littérature, de la musique, de la création plastique. Même si les utopies présentées sont loin d’être toujours roses, un avenir meilleur devient possible – pensé, imaginé, coloré par les Africains eux-mêmes et non imposé de l’extérieur.

Se réinventer et se redéfinir avec le langage de l’imaginaire

« C’est important car le continent a beaucoup été écrit par d’autres », souligne Oulimata Gueye, qui travaille actuellement sur le projet de recherche Africa SF.

« Le point de départ de ces idéaux est souvent situé loin dans le passé car l’exercice de l’afrofuturisme doit démarrer à une période antérieure aux catastrophes subies par les Africains dans leur histoire, soutient de même la commissaire d’exposition Salimata Diop. C’est normal qu’ils refusent que leur passé se résume à l’esclavage ou à la soumission. Dessiller les yeux sur les choses que nous ne savons pas ou oublions par choix ou par ignorance fait partie du rôle de l’artiste contemporain. »

Allers-retours temporels, anticipations technologiques, expéditions dans l’espace, extrapolations, il s’agit au fond de se réinventer et de se redéfinir avec le langage le plus libre qui soit, celui de l’imaginaire.

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