afrique décembre 26

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L’avenir nous sourit…

Par bien des aspects, les conditions d’une transformation économique et sociale de l’Afrique semblent aujourd’hui réunies. Certes, le continent est toujours confronté à une pauvreté massive et en augmentation ; mais force est de constater qu’il poursuit sa croissance, qui a été, selon le Fonds monétaire international (FMI), de 6,5% par an dans les années 2004-2008. Certes, l’Afrique détient le record mondial de fécondité ; mais ses taux de scolarisation s’améliorent et devraient faire reculer l’analphabétisme féminin et le nombre d’enfants par femme dans les années à venir. Certes, la population âgée de moins de 24 ans devrait doubler d’ici à 2045 ; mais il est encourageant de voir que le nombre de diplômés a triplé entre 1999 et 2009 en Afrique subsaharienne, favorisant l’embauche des jeunes.

Urbanisation

Surtout, une nouvelle classe moyenne émerge à mesure que l’urbanisation progresse. Parallèlement, un véritable désir de transformation prend corps au sein de cette génération au niveau d’instruction élevé. Il n’en demeure pas moins que la vision de l’urbanisation reste à définir, tandis que les atouts et promesses du monde rural pour les jeunes doivent être favorisés. Les territoires ruraux doivent être pourvoyeurs d’emplois, les villes étant sous-industrialisées et l’Afrique étant le seul continent dont la production alimentaire par habitant a diminué au cours des trente dernières années.

Ces dynamiques internes s’accompagnent d’une diversification des partenaires de l’Afrique, notamment en Asie et au Brésil, ce qui a pour effet de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Occident. Ces partenariats restent toutefois à rééquilibrer afin de poursuivre l’assainissement du climat des affaires et de privilégier l’intégration régionale. En effet, l’émancipation politique, c’est-à-dire la légitimation des autorités africaines par leurs populations plutôt que par leurs partenaires, est l’une des conditions de l’indépendance économique du continent.

Rôles de l’État et du marché

Par ailleurs, les rôles respectifs du marché, dont les défaillances sont de mieux en mieux identifiées, et de la puissance publique, avec la remise en question du « tout-État », se redéfinissent. Ces réflexions mènent à une réhabilitation de la notion de planification depuis les années 2000 et suscitent une multiplication d’initiatives de relance de l’investissement permises par l’assainissement des finances des États.

Enfin, en dépit de fuites de capitaux, d’importantes marges de manoeuvre existent également en termes de mobilisation financière, et le climat des affaires est devenu attrayant. Au cours des dix dernières années, l’Afrique a été la région la plus performante en termes de placements en actions, selon la Société financière internationale (IFC, filiale de la Banque mondiale consacrée au secteur privé). Et les investissements directs étrangers (IDE) dépassent désormais l’aide publique au développement.

Coopération continentale

Dans ce contexte favorable qui suscite de nombreuses convoitises, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) incite les chefs d’État à gouverner ensemble et à suivre la voie de la coopération continentale, notamment en matière de développement économique. Le « nouveau partenariat » a permis de changer de cap et d’envisager un avenir africain commun. Par ailleurs, la mise en oeuvre depuis 2003 d’un Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep), dont trente-trois pays sont membres, a permis au Nepad de contribuer aux réformes en matière de gouvernance publique dans le sens de davantage de transparence et de cohérence.

Si les disparités des situations et des pays demeurent, les dynamiques sociales et économiques se conjuguent désormais à une réelle volonté politique de changement.

(Source : Jeune Afrique)